Roc de la Féno sur la crête du Courtal Ferrous. Croix à 2 Branches égales dans un cercle.
L’orientation indique les points cardinaux.
Ce rocher marque les limites des communes de Gourbit et LApège

Le 22 février 1919 : réorganisation de la police municipale (circulaire ministérielle). Compte tenu de la situation isolée de la commune, de l’absence de délits ou crimes, il suffit de surveiller le respect des propriétaires. Gourbit demande le maintien du statu quo avec garde champêtre.
DÉCEMBRE 1919 : Maire : Ville Joseph. Adjoint : Cabibel Florentin.Conseillers municipaux : Builles Sernin – Blazy Joseph – Galy Auguste (Duc) – Estèbe Jean-Baptiste – Rogalle Joseph – Laguerre Alphonse – Laguerre Paul – Galy Jean-Baptiste (Conscrit) – Galy François – Galy Paul.
Le 27 février 1920 : le conseil municipal demande l’extension du réseau téléphonique départemental. Considérant l’utilité du téléphone, à l’éloignement du village de tout centre, Gourbit demande l’installation du téléphone dans le village.
Le 21 juin 1920 : suite une épidémie de fièvre aphteuse , des mesures urgentes sont prises à Gourbit pour enrayer le fléau et empêcher la contamination de tous les troupeaux.Le 13 juillet 1920,faute de boulanger dans la commune, un fournisseur doit aller journellement chercher le pain à 4 km. Il est juste qu’il soit rémunéré : la taxe du pain est fixée à 1,25 F le kilo. Le 10 septembre 1920, autre attribution de 500 F « pour œuvres de guerre », 150 F au secrétaire de mairie pour son travail supplémentaire sans compensation pendant les années de guerre. Le 10 octobre 1920,réparation de l’horloge : 380 F.
En 1911 : été caniculaire, sécheresse record.
Le 29 mai 1913 : un accident mortel à Gourbit, une vache tue d’un coup de corne François Galy, 71 ans, tailleurs d’habits. 29 juillet 1913, une loi sur le secret et la liberté du vote électoral rend obligatoire l’isoloir et l’enveloppe dans laquelle est glissé le bulletin. Il devient plus difficile d’exercer des menaces, des pressions ou des sanctions sur l’électeur au moment de son choix.
La mobilisation générale du 2 août 1914 : elle intervient à une période estivale cruciale pour les Gourbitois, c’est le temps des moissons. Le 15 août 1914, la vente de l’absinthe est interdite par ordonnance dans tous les débits de boissons. Il est vrai qu’elle avait de fâcheux effets sur le cerveau.
L’année 1916 est connue comme « l’année sans été ». En effet, un voile épais a suffit à arrêter une partie des rayons du soleil. Hiver glacial.
Le 2 décembre 1917 : délibération pour maintenir et mettre en place une ligne ferroviaire Tarascon-Saurat en passant par Arignac promise par le conseil général. Dans l’attente, demande de la mise en place d’un autobus sur la ligne Massat-Tarascon avec subvention pour le transporteur. Demande aux communes de délibérer dans ce sens.
Le 11 novembre 1918 à onze heures : les cloches ont sonné à la volée pour l’armistice. En 1918, la grippe espagnole décima une partie de la population gourbitoise. Une forte hausse de prix a érodé le pouvoir d’achat de la monnaie et le pays n’a jamais été aussi lourdement endetté.
Nos trois députés… assassins ! (Extrait du journal La Croix de l’Ariège du 6 mai 1906) :
Voilà encore un bien gros mot jeté à la face de nos trois représentants. Et cependant, il est rigoureusement exact. Comme cela arrive bien des fois, après s’être fait voleurs, nos trois députés se sont faits assassins. Pour appliquer leur loi voleuse, le Gouvernement dont ils sont les complices a eu le cynisme d’employer la force armée. Les catholiques, comme c’était leur droit, ont résisté à cette invasion sacrilège. Deux d’entre eux, deux hommes du peuple, Ghisel et Régis André, ont versé leur sang et se sont fait tuer pour la défense des sanctuaires. Ils ont été assassinés par les cambrioleurs officiels. Qui donc a la responsabilité de ces abominables assassinats ? Ce sont ceux qui ont voté la loi. Ce sont nos trois députés. Oui, M.M Tournier, Delcassé et Galy-Gasparrou ont sur les mains cette grosse tache de sang. Électeurs honnêtes de l’Ariège, vous ne renverrez pas à la Chambre ces trois assassins.
En 1906 : conséquence de la loi de séparation de l’Église et de l’État, la fabrique de l’Église n’a plus d’existence légale. Grande sécheresse pendant 97 jours de juillet à octobre.
MAI 1908 : Maire : Lys Joseph. Adjoint : Laguerre Prosper. Conseillers municipaux : Soulier François – Estèbe Henri (Laforce) – Cabibel Jean – Estèbe Alexis – Galy Jean-Baptiste – Buscat Joseph – Franc Henri – Estèbe Henri (Pastou) – Ville Joseph – Galy Joseph.
En 1909, Gourbit compte 682 habitants.
Le 15 juin 1909 : un arrêté du préfet conseille une distance de certains édifices églises, écoles, etc, pour l’ouverture de nouveaux débits de boissons. Le conseil municipal considérant que l’intérêt du bon ordre, de l’hygiène et pour la préservation de la race contre les dangers croissants de l’alcoolisme accepte la distance proposée par le préfet. Le 11 octobre 1909, construction à Tarascon d’un abattoir qui met fin à la vente de viandes souvent impropres à la consommation. Gourbit vote pour.
En 1910 : le passage de la comète de Halley met le monde en émoi. Dans toutes les églises on prie pour qu’elle évite la Terre. Il est vrai que si elle venait à dévier de sa trajectoire, la catastrophe serait planétaire (journal de l’Ariège).
Les sorciers et sorcières
Les croyances des sorciers datent des temps les plus reculé.
Déjà au moyen âge les sorciers passés pour avoir passé un pacte avec le diable. Qui était-t-il ? Bienfaisants, guérisseurs, il protégeait les maisons et les hommes contre le mauvais oeil à s’adressant au christ. Les sorcières breichos armieros semblaient plus malfaisantes, jetaient des sorts que l’on conjurait en battant ses vêtements avec un pas bâton de néfrier et en récitant en neuf fois breicho t’en douti naucops (sorcière je te doute neuf fois)
Pour préserver les animaux, ont déposé dans l’étable plusieurs flacons d’eau bénite.
Pour protéger les maisons, un seau plein devant la porte dans lequel la sorcière se noierait en poussant des cris de souris.
Au moyen âge XVIIIe et XIXe siècle on ordonna de châtier ce qui assistait au sabbat. De grands procès furent conclus par des condamnations à mort. L’Ariège n’était pas plus ensorcelée que beaucoup de régions de France.
Dans le temps, d’après les oui-dires de nos parents, se tenait la nuit de Noël dans les près de La Môle, la grande fête des sorcières. Le Sabbat comme les vieux du pays l’appelait.
— Papi c’est quoi une Brèicho ?
— Comment reconnaît-on une Brèicho ?
Pour aller danser au sabbat, les Brèichos se couvraient le corps d’huile de noisille, de graisse de vipère et autres plantes aromatiques, puis elles sortaient de chez elles par le trou de la cheminée, car le jour du sabbat elles n’avaient pas le droit de sortir par la porte. Puis elles se rassemblaient sur le clocher de leur église. Après avoir prononcé des paroles magiques, elles sautaient à cheval sur des fourches, des manches à balai, des quenouilles puis s’élancer dans les airs pour aller danser dans les près de la Môle.
— Papi tu as été y danser à la Môle ?
— Oh ! Non. Mes enfants pour être admis à ce bal, il faut faire son apprentissage, comme pour les curés, le noviciat. On présentait une demande au Diable, qui faisait passer à la future sorcière ou sorcier un examen sévère, et s’assurait de sa capacité pour le mal. Lorsque l’examen était satisfaisant, le diable lui demandait de renoncer au baptême et à l’Eglise.
« Tu me dois la vie, tu es pour toujours mon esclave. »
Plus tard Satan recommandait à ses vassaux de faire tout ce que réprouvait l’Eglise, et leur ordonnait le meurtre, l’inceste, l’adultère et pour gages de leur soumission, il leur demandait d’affreux blasphèmes…
Nous attendions impatiemment la suite, bouche bée, quand, sortant de la léthargie dans laquelle elle semblait avoir sombré, grand-mère dit, d’une voix forte et coléreuse :
Devant la protestation de grand-mère, mon grand-père se tint coi, et le chat, réveillé et apeuré, se réfugia sous le lit ! Je restai sur ma faim, espérant un jour ou l’autre connaître la suite de l’histoire que je pressentais fabuleuse. Ce fut que quelques années plus tard, m’étonnant des refus répétés de ma famille à vendre les prés de la Mole, que mon grand-père m’apprit le secret de la roche. Il le devait à un garçon du pays, qui partit à la recherche d’un agneau égaré assista de loin à une étrange cérémonie.
par Paulette Laguerre
Les Dragons de Lombrives
Cette année là, dans les montagnes du Sabarthes, l’hiver fut terrible. Depuis de longs mois, un froid mortel y sévissait. L’Ariège charriait des blocs de glace. Les villages semblaient abandonnés. Seuls signes de vie : les minces filets de fumée grise qui sortaient des chaumières ensevelies sous la neige.
Au bout d’une route en lacets, dans la vallée du Vicdessos, se trouvait un château, dressé sur un piton, appartenant à la famille du sire Arnault de Montjaux. Plus lugubre que jamais, le donjon tombait en ruines faute d’entretien. Les caisses du seigneur étaient vides. Depuis des années, les armées arabes envahissaient régulièrement son pays. Rien, ni personne ne pouvait arrêter ces barbares venus d’Espagne. A leur dernière incursion de l’automne, telle une meute de rats voraces, ils avaient vidé les greniers de leurs provisions et s’étaient retirés en emportant tout le bétail. Ils n’avaient laissé derrière eux que terres brûlées et ventres creux.
Et, comme si ces fléaux ne suffisaient pas pour le malheur de ces pauvres gens, la peste noire frappa la population déjà affaiblie par la terrible famine. La panique fut totale : en plusieurs jours, les corps de centaines de personnes se recouvrirent d’affreuses plaques noires. Les moines allumèrent de grands bûchés où ils jetèrent les cadavres à tour de bras. Les maisons et les biens des pestiférés furent brûlés. La population abandonna les villages et dressa des camps en forêts. La maladie n’épargna personne, seigneurs et serfs, bourgeois et manants, dames et ribaudes tous furent atteints. Dame Edmonde, la jolie épouse d’Arnault, l’attrapa à son tour. Le seigneur, fou de douleur, fit venir un homme de grand savoir, un arabe apothicaire converti au christianisme.
— Ahmed, connais-tu un remède pour guérir Dame Edmonde ?
— Oui, il existe une médication à son mal.
— Il faut vite le lui administrer !
— Ce remède, Maître, se trouve dans la grotte de Lombrives où logent deux grands dragons. Leurs cornes sont réputées depuis l’antiquité pour leurs propriétés magiques. Seule une infusion de leur poudre pourrait guérir Dame Edmonde.
—Tu crois la chose possible ? Si nous osons nous attaquer à eux, ne vont-ils pas devenir fous furieux et tout dévaster dans le pays, créant plus de misère encore ? Le seigneur eut l’air inquiet puis, après une hésitation, il ajouta :
— Pas un, de mes soldats ne sera assez courageux pour rentrer dans cette grotte et combattre ces bêtes bardées d’écailles et crachant le feu.
— Maître, pensez au trésor, offrez à ceux qui rapporteront les cornes, une part des pépites d’or que renferme cette grotte.
Ce trésor remontait à l’aube des temps. Hercule revenant de Gibraltar, fatigué d’avoir séparé, d’un coup d’épaule, l’Espagne de l’Afrique, s’arrêta pour se reposer dans le château du roi Bebrytx, dans la verte et sauvage vallée de l’Ariège. Il tomba amoureux de la fille du roi, la belle princesse Pyrène aux cheveux d’or. Ils vécurent un grand amour. A la mort de la jeune fille, tuée par des loups, Hercule construisit un caveau dans une des plus vastes grottes connues des hommes, pour que Pyrène y reposât en paix. Il laissa, pour gardiens du tombeau, deux magnifiques créatures ramenées d’Afrique, encore inconnues dans la région, une paire de redoutables dragons, la blanche Hermine et le noir Balthazar. Des êtres de chair et de sang, doués d’émotions et de pensées comme les humains.
Des siècles durant, la coutume voulut que les bergers viennent tous les ans pour l’Epiphanie «jour de l’annonce faite aux bergers de la venue du Christ » remettre leur tribut aux dragons : un petit coffret de pépites d’or, puisées dans le sable de l’Ariège, cette belle rivière, que nos anciens nommaient «L’Oriège ». En contrepartie les deux bêtes respectaient population et troupeaux. Pour cette cérémonie, ces montagnards revêtaient leur costume de fête, sous leur longue cape noire : la veste en peau de mouton, le pantalon de flanelle rouge, et leurs sabots à bouts pointus. Ils se coiffaient d’un grand béret noir légèrement penché sur le côté.
Les deux cerbères passaient des jours tranquilles dans leur antre. La blanche Hermine sortait parfois pour chasser dans les bois. Au passage, par beau temps, elle s’arrêtait pour s’ébrouer dans les marécages d’Ussat, à l’endroit où une source bienfaisante surgissait de terre, et répandait son eau chaude à l’odeur de soufre. Les paysans pouvaient voir son ventre incrusté de pépites d’or briller au soleil. D’un tempérament affable, elle vivait en bonne intelligence avec la population, et entamait de temps en temps la conversation avec les bergers gardant leur troupeau. Le noir Balthazar, d’un caractère plus sauvage, n’était pas sorti de sa grande cavité depuis plus d’un siècle. Beaucoup de gens du pays le croyaient mort.
En ce début de l’an, le fief était à peu près dépeuplé ; ceux que la peste noire avait épargnés vivaient comme des animaux sauvages dans les trous de la montagne. Le seigneur, malgré sa grande peur du cataclysme que sa décision allait déclencher, écouta son conseiller. Dans l’espoir de sauver son épouse et ses sujets, il fit placarder un avis sur toutes les portes des églises du comté de Foix. Selon cet avis, Il promettait d’offrir une forte récompense, une partie du trésor de la grotte de Lombrives, en échange des cornes des dragons.
La nouvelle se propagea comme l’éclair dans le pays, et au-delà. De toute part, des aventuriers, des voleurs, des mendiants, des hors-la-loi accouraient à la recherche des bêtes cornues. Toutes les forges de la région rivalisaient dans la fabrication d’armes redoutables, pour pourfendre les gardiens du tombeau.
Avec une grande frénésie et poussés par l’appât de gain, des hommes partaient à la recherche d’Hermine. Ils s’aventuraient dans cette vallée sauvage, remplie de marécages. Beaucoup laissèrent leur vie dans ces expéditions, dévorés par les nombreux lynx, loups et ours, que le rude hiver obligeait à descendre des montagnes.
Une nuit, une bande de voleurs de grands chemins venant d’Espagne, plus hardis ou plus inconscients du danger, pénétrèrent dans la grotte pour surprendre Hermine endormie. A peine eurent-ils fait un pas dans le boyau, qu’ils réveillèrent les centaines de chauves-souris tapissant le plafond. Furieuses, les petites bêtes ailées fondirent sur eux, les mordirent de leurs incisives pointues : visage, cou, bras et mains. D’autres s’accrochaient aux cheveux des malheureux étrangers. Les hommes griffés, mordus, se réfugièrent dans une petite cavité. Là, une armée de rats, poussant des cris aigus et stridents se disputaient les reliefs du repas des gardiens des lieux. Les Espagnols durent écarter les rongeurs de leurs armes pour passer. Soudain, le sol trembla sous leur pas, ils s’interrogèrent du regard. Après une minute d’hésitation, malgré leur grande peur, les aventuriers décidèrent d’avancer
A leur arrivée dans la salle au trésor, l’atmosphère devint insupportable ; les Espagnols furent à moitié asphyxiés par une épaisse vapeur chaude au relent pestilentiel. De leurs flambeaux, ils balayèrent la cavité à la recherche des dragons, réveillant ainsi la blanche Hermine. Elle bougea, releva la tête, son odorat et son ouïe très développés l’avertirent du danger. En temps ordinaire, elle était une gentille créature, pacifique, elle ne combattait que rarement, préférant fuir devant l’ennemi, mais elle devenait très dangereuse si sa survie était menacée ou son territoire violé.
Tout en reniflant l’air, Hermine se dressa sur ses pattes arrière. A la vue des flambeaux, l’attaque en leur direction fut fulgurante. Comme l’éclair, sa longue langue recouverte de pustules et hérissée de piquants pourchassa les hommes, les obligeant à courir dans tous les sens à la recherche d’une cache pour se protéger. Elle cracha sur eux un souffle de vapeur bleutée, qui transforma les fuyards en momie de glace.
Les cris d’effroi des survivants, repris par l’écho, réveillèrent le grand dragon noir.
Depuis plus d’un siècle, Balthazar dormait sur son lit d’or. Il sentit le danger de l’intrusion humaine vers son trésor. Il se leva en poussant un grognement qui fit trembler tout l’édifice. Sa tête touchait presque la voûte, Ses énormes yeux accoutumés à la nuit lui permirent de repérer les hommes. Il souffla et cracha dans leur direction, un torrent de flammes. Les rescapés furent transformés en torches. La montagne tremblait, des bruits à percer les tympans sortaient des entrailles de la terre. Cette expédition espagnole, refroidit l’ardeur des aventuriers les plus téméraires.
Au printemps, les frères Fournier, deux bergers du village de Lapège, connaissant les mœurs de la femelle, attendaient leur heure. Comme tous les ans, dans les boues chaudes d’Ussat, elle vint pondre son œuf. Quand la blanche Hermine se trouva en position de faiblesse à moitié paralysée par la douleur, ils profitèrent de ce qu’elle ferma les yeux sous l’effort, pour lui enfoncer un pieu dans chaque œil. Les deux pastoureaux scièrent les cornes d’Hermine et quittèrent rapidement les lieux pour porter leur trophée à l’apothicaire et recevoir leur récompense. Les villageois qui avaient assistés de loin à la mort d’Hermine accoururent et ce fut la curée pour arracher les pépites d’or incrustées sur son ventre. Soudainement, le ciel au-dessus d’eux s’obscurcit, comme si la nuit venait de tomber. Un vent tourbillonnant pliait les arbres. Les détrousseurs levèrent les yeux. Ce qu’ils virent les terrifia : un immense dragon noir, d’une envergure impressionnante planait au-dessus des montagnes. Pour la première fois, la population voyait la terrifiante bête ailée. Toute la nuit, Balthazar fouilla les forêts, les étangs, les marais. Ce ne fut qu’au petit matin qu’il retrouva la dépouille d’Hermine, à moitié dévorée par les loups. La folie le gagna. On pouvait, à des centaines de kilomètres à la ronde, entendre ses hurlements. De grandes flammes s’échappaient de ses naseaux formant un véritable rideau de feu. Sur son passage, les forêts s’embrasaient, puis, il arracha avec sa gueule des pierres à la montagne, qu’il recracha sur le château, obligeant ses hôtes à s’enfuir dans les souterrains. Le clocher de l’église s’effondra sur les paroissiens venus s’y réfugier. Les habitants rescapés montèrent se cacher dans les nombreuses cavités tapissant les flancs de la montagne d’Ussat.
Puis Balthazar se calma, du moins il le feignit car, en réalité, naissait en lui un désir de vengeance contre ce châtelain et ses sujets, pour le sort terrible qu’ils avaient réservé à sa blanche compagne. A partir de ce moment-là, Balthazar exigea que lui soient donnés de jeunes hommes pour ses repas. Si on refusait, il menaçait de détruire le pays. La population dut donc accepter ce lourd tribut dans l’espoir que le dragon se lasserait de la chair humaine et réclamerait vite un cochon bien gras.
L’épidémie de peste achevée, à l’approche de l’été, la terre se remit à tourner au rythme du soleil et des saisons et pour nos braves montagnards, le travail n’attendait pas.
Mais pour leur malheur, la bête ailée était toujours là avec les mêmes exigences. Trop pauvres pour quitter le pays, les malheureux montagnards ne savait plus vers quel saint se tourner. Ils avaient tout essayé : prières, offrandes, pèlerinages, et même les philtres des sorcières ; rien n’avait débarrassé le pays du monstre sanguinaire.
Un jour une nouvelle stupéfiante fit le tour du comté de Foix : Le dragon exigeait qu’on lui offrît en sacrifice, en plus des garçons : la fille unique du seigneur Arnault de Montjaux. Cet effroyable envoyé du Diable demandait toujours plus d’impôts sanglants.
Après que Balthazar eut avalé un jeune pâtre et ses moutons, les villageois allèrent voir leur seigneur :
«Maître ce dragon laissé par le héraut Hercule est devenu fou. Il doit disparaître. »
Le conseiller du seigneur eut une idée :
— Avant que ce monstre n’ait dévoré toute la jeunesse, demandons secours à Hercule, son ancien maître, le pourfendeur de l’hydre ; lui seul, possède la force de combattre et de terrasser ce démon sanguinaire.
Les montagnards montèrent sur le plus haut sommet, le Mont Valier, et à grands coups de hillet (1) appelèrent Hercule à leur secours. Comment le héraut grec entendit les cris de désespoir des Ariégeois depuis la Grèce, cela reste un grand mystère encore de nos jours. Mais le fait est que, par un prodigieux effort dont il était seul capable, il franchit les plaines, les rivières et les nombreux marais disséminés sur son chemin. Comme poussé par le puissant vent, il arriva en un instant, devant la grotte de sa bien-aimée.
Sans perdre de temps, de plusieurs coups de massue, Hercule cassa la montagne de granit et lança sur la bête folle, des blocs de plusieurs tonnes. Le monstre paraissait indestructible, il ne bougeait pas.
Debout sur ses deux pattes arrière, les écailles en batailles doublant de volume, Balthazar essayait d’impressionner et de faire reculer Hercule. Devant son échec il cracha du feu ce qui ne se découragent pas le héraut grec, il attaqua à grands coups de massue le dragon aux pattes, le forçant à se baisser. Le Grec profita que la bête était tombée à genoux pour monter sur elle, en s’accrochant à ses écailles. Puis à la force de ses poignets IL grimpa le long de son dos. Balthazar se secouait, frappait le sol à grands coups de queue. Sous le coup d’une terrible colère, il s’envola et alla d’une paroi à l’autre de la cavité, décapitant au passage stalagmites et stalactites. Hercule ne décrocha pas, il continua d’effectuer sa longue ascension. Quand il atteignit enfin le sommet du cou, il se redressa et d’un seul coup de massue, lui fendit le crâne en deux.
Hercule tira le grand dragon noir de la tombe de sa bien-aimée. Il recouvrit sa dépouille de milliers de blocs de granit, pèle mêle, jusqu’à atteindre le bleu du ciel. Cette immense sépulture allait de l’océan Atlantique à la mer Méditerranée, Hercule l’appela : « Les Pyrénées » En souvenir de la fille du roi Bebrytx, la belle princesse Pyrène aux cheveux d’or.
Sur chaque sommet Ariégeois les hillets des montagnards retentirent joyeusement, annonçant la bonne nouvelle aux gens du comté de Foix.
1 – Hillet : cri qu’utilisent les bergers pour communiquer d’une montagne à l’autre
Le 19 mars 1902 : arrêté du maire : Il est interdit de jeter par les fenêtres sur la rue publique : les balayages des maisons, les eaux ménagères, les immondices et tout autre objet dans les abreuvoirs. Le 8 février 1902,demande du conseil municipal aux Eaux et Forêts d’écobuer les quartiers de Labourière, Courtal d’Abal et Labézounet afin de supprimer les genièvres qui envahissent les pelouses. La commune s’engage à protéger les jeunes plants de hêtres ou autres essences avec la présence d’une quarantaine de personnes. (Écobuage : procédé de culture qui consiste à peler la terre. On enlevait les mottes avec les herbes et racines, on brûlait le tout, puis on répandait les cendres sur le sol pour le fertiliser).
Le 15 octobre 1903 : inauguration de la ligne de chemin de fer de Foix à Saint-Girons (par prolongement de la ligne de Foix à La Bastide de Sérou).
Le 7 juin 1904 : arrêté du maire : la couverture ou la sous couverture de paille des maisons, granges et étables sont interdites. Été caniculaire.
Dans un journal de l’Ariège de 1905 : on peut lire cette prophétie : En 1950, l’homme sera en grande partie maître des variations climatiques… Faute de pouvoir encore gouverner souverainement les caprices du ciel et de l’atmosphère, nous saurons au moins les prévoir, dans une certaine mesure, et prendre nos dispositions en conséquence.
Le 8 avril 1905 : arrêté du maire :
1/ Tous les chiens sans exception devront porter une muselière et être munis d’un collier portant le nom et l’adresse du propriétaire.
2/ Les chiens errant sur la voie publique n’ayant pas de collier seront ramassés et abattus.
3/ Chaque soir à la tombé de la nuit, tous les chiens devront être enfermés et relâchés au soleil. Tous les chiens sauf ceux de berger seront tenus en laisse.
Au début de 1895 : à la suite de la chute d’une très grosse quantité de neige, les trains s’arrêtent à Tarascon. Il y a de 1,50 à 2 m de neige. De mémoire, on n’avait vu température pareille. La quantité de neige est si considérable qu’on parle de réquisitionner la troupe. (La Dépêche du midi 6/1/1895). Été caniculaire.
Au recensement de 1896 : Gourbit comptait 183 maisons, 176 ménages pour 700 habitants. Trois instituteurs et un curé.
En 1897 : année de grande sécheresse.
AVRIL 1898 : Maire : Galy Étienne. Adjoint : Laguerre Antoine (Pourroutou). Conseillers municipaux : Conte François – Lys Joseph – Builles Bazille – Laguerre Prosper – Galy Joseph – Estèbe Étienne – Ville Lucien – Galy Jean-Baptiste – Laguerre Antoine – Estèbe Jean – Galy François.
MAI 1900 : Maire : Lys Joseph. Adjoint : Laguerre Prosper. Conseillers municipaux : Estèbe Alexis (Toun) – Estèbe Clément – Conte François – Galy François (Tin) – Builles Bazile – Estèbe Henri (Petitot) – Estèbe Louis (Barou) – Galy Fançois (Cabillou) – Buscat Joseph.
Le 21 août 1900 : création d’un tribunal de commerce à Foix. Le conseil municipal de Gourbit considérant que la création de ce tribunal de commerce serait une heureuse innovation et rendrait des services aux négociations est d’avis que le vœu relatif à cette création soit pris en sérieuse considération.
Le 15 septembre 1900 : des jeunes gens de 14 à 15 ans qui excursionnent sur le flanc de la montagne dite de Carnies, voient un orifice de grotte, fermé par des broussailles et y pénètrent aussitôt. Quelle n’est pas leur surprise en découvrant une fabrique de fausse monnaie. Rien n’y manquait, ni les outils, ni la fausse monnaie qui consistait en pièces de 1, 2, 5 F. Le parquet de Foix s’est transporté sur les lieux et a ouvert une enquête (la croix de l’Ariège 16 septembre 1900).
Quand l’Ariège change de siècle, Gourbit change de civilisation. Dans l’impossibilité de nourrir ses trop nombreux enfants, le processus de l’exode se déclenche. Nos montagnards quittent leurs esclops et la capéto pour l’exil et notre village de Gourbit commence à se dépeupler. Où vont nos Gourbitois qui ne peuvent plus vivre au Pays ? Dans les grandes villes, principalement Bordeaux, dans les faïenceries, verreries et usines à gaz. Mais aussi un peu partout dans le monde, en Amérique, Afrique. Il faudra s’habituer à ce que notre village se vide de sa jeunesse. Il faudra oublier le bruit sourd de la forge, de l’eau dans les meules du moulin qui naguère retentissaient dans Gourbit
L’hiver 1891 – 1892 : la neige tombée en abondance ces derniers jours, a fait sortir les loups de leurs repaires, s’aventurant dans les rues des villages de la Courbière (l’avenir 22/1/1892).
JUILLET 1893 : Maire : Galy Étienne. Adjoint : Ville Jean-François .
Conseillers municipaux : Lys Joseph – Conte François – Galy François (Tin) – Galy Joseph – Estèbe Jean (Cordonnier) – Estèbe Henri (Petitot) – Galy Jules – Laguerre Antoine (Pourroutou) – Galy Jean-Baptiste (Cabillou) – Laguerre Prosper (Toun).
Le 20 août 1893 : création d’une recette des postes à Rabat à la demande du directeur des postes de l’Ariège. Le conseil municipal accepte de s’y rattacher.
Le 24 août 1893 : grosses pertes subies suite à la sécheresse, le maire adresse au préfet une demande de secours pour les propriétaires indigents, les plus éprouvés.
MAI 1889 : Maire : Soulier Auguste. Adjoint : Galy Étienne (Joachin).
Conseillers municipaux : Galy Jules – Builles Étienne (Lourlu) – Builles Jean-François – Estèbe Jean – Estèbe Alexis (Laforce) – Laguerre Paul – Ville Jean-François – Laguerre François – Aubin Flavien (Duc) – Estèbe Jean-Pierre.
Le 25 mai 1889 : pour assurerle traitement du pâtre et les frais d’entretien du troupeau (sel, pain), établissement d’une taxe sur les bêtes à laine de 0,65 F par tête.
En 1890 : hiver long et glacial.